Après avoir donné le Lac des Cygnes au Silo, le Saint
Petersbourg Ballet Théâtre revenait le lendemain, pour une représentation de LaBayadère au Dôme.
On pouvait se demander si enchaîner deux soirs de suite deux
ballets différents était un choix judicieux pour les danseurs. Mais il faut
savoir que la compagnie n’a pas le choix : le SPBT fait parti de ces nombreuses
petites troupes où les tournées représentent bien souvent la seule rentrée
d’argent.
Néanmoins, tout le monde s’en est bien sorti ! Et quel
plaisir de voir La Bayadère, ballet finalement assez méconnu du grand public,
et donc assez peu donné en tournée.
Petit rappel de l’intrigue :
Solor, valeureux guerrier, et Nikiya, simple bayadère (mot qui désigne en Inde une danseuse du
temple), se sont jurés un amour éternel sur le feu sacré.
Mais le grand brahmane, jaloux car également amoureux de
Nikiya, s’en va avertir le Rajah de cette promesse. Ce dernier, qui cherchait
un époux à sa fille Gamzatti, proclame les fiançailles avec Solor.
Informée de cette décision, Nikiya s’en va trouver Gamzatti
pour la convaincre de renoncer, mais la rencontre tourne court : Nikiya tente
de poignarder Gamzatti, qui de son côté jure en secret de tuer la bayadère.
Lors des fiançailles, Nikiya, en tant que danseuse, doit se
produire devant le Rajah, Solor, Gamzatti, et le reste de la cour. Durant sa
danse, on lui offre un panier de fleurs qu'elle interprète comme venant de
Solor.
Le cadeau vient en réalité de Gamzatti, qui y a caché un
serpent au venin mortel, qui la mord
Le grand brahmane offre un contre poison à Nikiya qui refuse
et choisit de mourir plutôt que de vivre sans Solor.
Au troisième acte, Solor, désespéré, fume de l’opium, ce qui
le conduit au Nirvana. Les amoureux se réconcilient parmi les ombres d'autres
bayadères.
Le ballet a ceci d’intéressant qu’il propose deux facettes :
deux actes vivants et colorés, composés de nombreux divertissements et morceaux
de bravoure, et un acte blanc, presque irréel.
Cette dualité n’est pas sans rappeler l’acte des Willis de
Giselle.
La compagnie nous a offert une soirée haute en couleur, où
la joie de danser n’avait d’égal que la vivacité des musiciens. Et cela, en
dépit d’une scène mal adaptée, qui semble s’effondrer à chaque saut.
Les danseuses du corps de ballet posaient les mêmes
problèmes d’ensembles que pour le Lac des Cygnes, malgré une technique assurée.
Ces demoiselles se sont toutefois rattrapées durant l’acte des Ombres,
délicieusement doux et éthéré, même si redoutablement technique.
Comme on s’y attendait, de nombreux divertissements ont été
supprimés, faute d’effectif suffisant : la danse des perroquets, la danse
Manou, l’idole dorée...et même deux ombres sur trois au 3ème acte, ce qui peu a
priori surprendre les connaisseurs.
Soulignons en revanche une danse du feu endiablée, où les
musiciens ont même dû accélérer, tant l’énergie des danseurs était grande !
Enfin, et indéniablement le plus grand atout de cette
compagnie : les solistes.
© San Petersbourg Ballet Theatre
Irina Kolesnikova est une Nikiya plus vraie que nature,
tour à tour amoureuse et désespérée, nous offrant comme à son habitude une
technique impeccable. L’expressivité de ses bras est un régal, un produit de
l’Ecole russe par excellence.
Dimitry
Akulinin est un Solor bondissant, avec un véritable engagement dans
l’interprétation.
Quant à une Gamzatti (quid de son nom ?), elle est impériale. La danseuse, qui bénéficie d’un
physique absolument incroyable, est redoutable en princesse trop gâtée, tout en
se jouant des difficultés de la chorégraphie.
Un léger accro dans sa variation solo a décuplé son énergie
pour la coda. Elle nous a offert une série de fouettés si rapides, qu’ils ont
déclenché un salve d’applaudissements.
Cette représentation était un festival de couleurs et de
technique, servi par un superbe orchestre.
Même si tout n’est pas parfait, cela reste un plaisir de
voir ces grands ballets du répertoire parfois méconnus, venir à la rencontre du
public.
Rendez-vous est donc pris le 20 novembre pour la Belle au
bois dormant !
Claire Foucqueteau.
Claire Foucqueteau.
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