Le danseur Etoile Nicolas Le Riche fera ses adieux à la scène de
l’Opéra de Paris le 9 juillet prochain.
A cette occasion , il a choisi d’organiser une tournée en
province avec plusieurs autres danseurs : Claire-Marie Osta, Russel Maliphant,
et en alternance Isabelle Ciaravola et Eleonora Abbagnato.
4 pièces étaient au programme :
- Critical Mass de Russel Maliphant, interprétée par Nicolas
Le Riche et Russel Maliphant
- Annonciation d’Angelin Preljocaj, interprétée par
Clairemarie Osta et Isabelle Ciaravola ou Eleonora Abbagnato
- Shift de et avec Russel Maliphant
- Odyssée de Nicolas Le Riche, interprétée par Nicolas Le
Riche et Clairemarie Osta
- Le Jeune Homme et la Mort de Roland Petit, interprétée par
Nicolas Le Riche et Isabelle Ciaravola ou Eleonora Abbagnato
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| ©Anne Deniau |
Cette tournée, dont la dernière représentation a eu lieu le
21 mai, était pour le danseur l’occasion d’aller à la rencontre de son public
des quatre coins de la France avant sa “retraite” le 9 juillet prochain.
L’initiative est d’autant plus appréciable que les danseurs de l’Opéra de Paris
se font très rares en province.
Rendez-vous était donc pris le 21 mai dernier au Grand Théâtre de Provence.
La soirée débute par Odyssée.
Le couple, à la scène comme la vie, nous raconte ni plus ni
moins que son histoire personnelle : les corps hésitent, se cherchent, se
séparent, pour finir par avancer ensemble vers la lumière.
Du rendu final se dégage une belle émotion.
Le tout est servi par la présence magnétique, hypnotique
même des deux danseurs. On ne peut détacher le regard de la scène.
Les applaudissements sont chaleureux et mérités.
La soirée se poursuit par Shift.
Russel Maliphant est seul en scène, et joue habilement avec
les ombres chinoises créées par la lumière.
Le danseur-chorégraphe prend vite possession de la scène, et
nous fait passer ainsi un joli moment.
Dans Critical mass, le duo propose une chorégraphie à mi-chemin entre la danse et le combat. Les danseurs se jaugent du regard, s’attirent, repoussent, et enchaînent leurs mouvements de plus en plus vite. On retient son souffle devant tant de puissance.
La seconde partie du duo tranche totalement avec la
première, et prend des accents hispaniques, avec une musique aux airs latinos.
Une chorégraphie bien symphatique.
Annonciation a pour objet la rencontre de l’Ange Gabriel
avec Marie.
Bien que porté par les excellentes interprètes que sont
Clairemarie Osta et Isabelle Ciaravola, la pièce laisse plus septique.
Le chorégraphe a choisi de faire de cette rencontre divine
une rencontre charnelle entre deux femmes, sur une bande-son aux airs
futuristes. Cela peut dérouter, surtout si le spectateur n’a pas au préalable
pris connaissance de l’argument.
Pour autant, la mise en scène intelligente et la qualité de
la danse nous font passer un bon moment.
La soirée s’achevait sur le Jeune Homme et la Mort, de Roland Petit.
Si Jean Babilé, créateur du rôle, nous a quitté il y a peu,
Nicolas Le Riche en est le digne héritier.
Le danseur trouve en ce ballet un rôle taillé sur-mesure.
Nicolas Le Riche a dit en interview qu’au moment où les
première notes de la Passacaille débutent, il devient ce jeune homme de tout
son être.
C’est exactement ce qui se passe sous nos yeux : en
attendant l’élue de son cœur, le jeune homme s’élance, erre hagard dans sa chambre, tourne en rond, désespéré.
Quand sa promise daigne enfin se montrer, elle est de
mauvaise humeur, et tourmente le jeune homme, jusqu’à le pousser au suicide :
la femme prend à la fin le visage de la mort.
Bien que parfois rangée dans la catégorie des “danseuses
romantiques”, Isabelle Ciaravola est impériale en femme prédatrice, prenant un
malin plaisir à tourmenter jusqu’à l’épuisement son compagnon.
Le souffle du spectateur est suspendu jusqu’à la note
finale.
C’est un superbe moment qui nous a été offert lors de cette
soirée. Difficile à croire qu’il a été porté par des “jeunes retraités” de
l’Opéra de Paris !
Claire Foucqueteau
Claire Foucqueteau
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